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La première crise socio-écologique du capitalisme

Rapport du 4ème panel de la conférence

Mr Jérôme GLEIZES, Professeur d'économie à l'Université de Paris XIII
Analyser la crise uniquement sous l'angle financier est insuffisant. Elle résulte d'une "crise de régulation" plus globale, marquée par trois périodes clés. Tout d'abord, il a eu la fin du compromis fordien, selon lequel la rémunération des salariés était calquée sur leur productivité. Ce modèle est entré en crise dans les années 70s. Ensuite, le modèle néo-libéral s'est substitué au modèle fordiste. Le crédit privé occupe une place essentielle: il alimente la consommation, donc la production et la croissance économique. Dans ce modèle, il faut sans cesse inventer de nouveaux besoins, tandis que l'endettement des ménages est une composante clé du système. Il suscite une épargne négative aux Etats-Unis et provoque la crise des subprimes. La crise actuelle est une crise de l'accumulation physique du capital, qui provient de l'incapacité à prendre en compte la problématique du non-renouvellement des matériaux naturels (considérés comme gratuits), et les externalités négatives des modes de production. La crise financière ne peut être abordée uniquement sous l'angle d'une nouvelle régulation financière, mais doit être abordée dans un contexte plus large, à savoir celui d'une crise écologique, qui nécessite la confection d'un "New Deal" pour la résoudre.

Pascal CANFIN, journaliste à Alternatives Economiques
Trois grands mécanismes ont conduit à la crise actuelle. Premièrement, la dérégulation du système financier, entamé depuis la fin des années 1980, a permis le développement de nouveaux produits financiers opaques et totalement déconnectés de l'économie réelle. Les règles prudentielles mises en place pour contrôler l'activité bancaire ont largement été contournées. Deuxièmement, on a assisté à un afflux massif de nouveaux capitaux dans cette économie "casino": la rente des matières premières en provenance de Russie et des pays du Golfe; la financiarisation des systèmes de protection sociale, etc. Troisièmement, il a la question du surendettement, qui a alimenté tout le système. In fine, ce sont ces crédits immobiliers et à la consommation, accordés à des personnes de moins en moins solvables, qui ont été revendus par des banques américaines à d'autres acteurs financiers et qui ont ensuite grippé l'ensemble du système financier. Réguler le marché financier, définanciariser la protection sociale, désendetter sont autant de pistes à suivre pour résoudre la crise à long terme, sans compter qu'il faut changer les mentalités.

Pierre JONCKHEER, député européen et vice-président du groupe des Verts
Ce que la crise financière met en évidence, c'est l'insuffisance de règles européennes en matière de contrôle et d'organisation du système bancaire et financier. Davantage d'Europe est nécessaire pour régler la crise. Il faut repenser de fond en comble la réglementation du secteur financier. La Commission européenne doit cesser avec son orientation du laisser-faire. Les autorités bancaires et monétaires européennes doivent faire des propositions qui favorisent les investissements à long terme et à taux modéré, indispensables pour atteindre les objectifs de la Stratégie de Lisbonne, et du "Paquet énergie-climat". Un ensemble de directives doivent être revues, pour limiter la prise de risques inconsidérée. Il faut notamment limiter la titrisation, instaurer un autorité européenne de supervision financière et dans le domaine des fonds spéculatifs, il incombe de les recadrer davantage pour éviter qu'ils génèrent une crise systémique.

Stéphane ROZES, Professeur en Sciences Politiques
Dans l'imaginaire des Français, les logiques financières empêchent les citoyens de se projeter dans l'avenir. Il y a un processus d'intériorisation des contradictions des citoyens, entre leur prise de conscience des enjeux écologiques, qui en appellent à des modifications de leur mode de vie, et leur conduite. Il y a un clivage entre l'imaginaire et la réalité.

Alain Lipietz: Député européen - Conclusions
La crise financière actuelle témoigne de la crise du capitalisme libéral. Les solutions à cette crise sont donc anti-libérales. Parce que la crise financière n'est rien d'autre qu'une crise écologique, les solutions vont au-delà de l'amélioration de la régulation financière. Il faut repenser à un éco-modèle du développement.

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