Objectifs climatiques 2040: la crédibilité de l’UE est en jeu
Aujourd’hui, la Commission européenne a présenté sa proposition d’objectif climatique pour 2040 : une réduction de -90 % des émissions nettes de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Cette proposition, fruit de la mobilisation de la société civile et de la pression constante des écologistes, constitue un minimum vital pour respecter l’accord de Paris et rester sur la trajectoire de la neutralité climatique. Cet objectif est immédiatement fragilisé par deux menaces majeures : d’un côté, la tentation de compenser les efforts européens en recourant à des crédits carbone internationaux ; de l’autre, les manoeuvres d’Emmanuel Macron et du gouvernement français; qui bloque l’adoption rapide de l’objectif 2040 pour mieux défendre ses intérêts nucléaires et affaiblir les ambitions européennes.
Déclaration de Marie Toussaint, eurodéputée Verts/ALE et membre de la Commission pour l'environnement :
“Les records de chaleur de ces derniers jours nous rappellent cruellement une chose : il faut faire baisser les températures, vite. Plus l’objectif climatique est élevé, plus nous aurons les moyens de sortir de notre addiction aux énergies fossiles. C’est grâce à la pression de la société civile et à nos demandes répétées que les 90 % sont aujourd’hui sur la table. La science est formelle : 90 %, c’est un strict minimum. Chaque point de pourcentage en moins représente autant d’émissions annuelles que le Danemark.
“La crise climatique n’est plus une menace future : c’est une réalité mortelle. L’action climatique n’est pas réservée aux élites, elle concerne le quotidien de chacun. Dans de nombreuses régions en Europe et ailleurs, les enfants ne peuvent plus aller à l’école et les personnes âgées ne peuvent plus sortir de chez elles.
“Mais la Commission prend un pari dangereux en ouvrant la porte aux crédits carbone internationaux. Leur efficacité est hautement discutable, et leur recours relève de l’absurdité économique. Plutôt que de dépenser des dizaines de milliards pour acheter des crédits à l’efficacité douteuse et qui accroissent la facture finale, investissons dans la décarbonation de l’industrie européenne. L’Europe ne doit pas être le continent qui exporte ses responsabilités, mais celui qui exporte des solutions.
“Emmanuel Macron joue un jeu dangereux. À force de manœuvres dilatoires, il met en péril la crédibilité climatique de l’Union européenne et hypothèque notre capacité à négocier sérieusement à la COP30. Il prétend défendre l’ambition climatique, mais en coulisse, il freine et affaiblit. Ce sabotage ne sert ni le climat, ni les Européens : il sert les lobbys.
“L’industrie et l’économie ont besoin de clarté et de stabilité. Il faut un objectif climatique qui stimule l’innovation et les investissements dans les batteries, les panneaux solaires et les éoliennes, pour renforcer la compétitivité de l’UE et mettre fin à notre dépendance aux autocraties des énergies fossiles. La loi doit être adoptée avant l’échéance fixée par l’ONU fin septembre, sans quoi l’UE perdra toute crédibilité sur la scène internationale. Les États-Unis n’atteindront pas leurs objectifs climatiques : l’Europe doit, plus que jamais, montrer l’exemple.
“ Les Verts/ALE continueront à se battre pour un objectif climatique aussi ambitieux que nécessaire pour limiter le réchauffement et protéger les gens. Personne, personne ne devrait mourir de la chaleur.”

