A La Frontière Franco-Italienne, l’urgence Absolue

09.03.2021

Depuis plusieurs mois, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (FRONTEX) fait la une des médias. Frontex aurait en effet assisté et participé à des refoulements en mer d’exilé·e·s, un geste contraire au droit international et à la Convention de Genève. Si le groupe des Verts/ALE s’est battu avec succès pour la mise en place d’une commission d’enquête sur les agissements de Frontex aux frontières extérieures de l’UE, les eurodéputé·e·s écologistes n’oublient pas que la politique migratoire de l’UE est également responsable de drames aux frontières intérieures.

La restriction des voies légales de migration couplée au principe du premier pays d’accueil tel qu’instauré par le règlement Dublin qui impose aux exilé·e·s de faire leur demande d’asile dans le premier pays européen où ils arrivent, les poussent à prendre des risques insensés pour traverser les frontières et atteindre leur pays de destination. 

C’est notamment le cas à la frontière franco-italienne.

Action de Maraude menée par Médecins du Monde et l'association Tous Migrants à Montgenèvre le long de la frontière Franco-Italienne, en présence du Député Européen Damien Carême. Crédit photo (c) Eric Franceschi
Action de Maraude menée par Médecins du Monde et l’association Tous Migrants à Montgenèvre le long de la frontière Franco-Italienne, en présence du Député Européen Verts/ALE Damien Carême. Crédit photo (c) Eric Franceschi

Depuis le 29 janvier, chaque semaine, les eurodéputé·e·s écologistes se relaient aux côtés des exilé·e·s et des bénévoles à Montgenèvre où les atteintes aux droits humains s’aggravent de jours en nuits : refoulements, pressions sur les bénévoles et les soignants… L’opération, baptisée « les Maraudes Solidaires » est un acte fort de solidarité. Le point en 5 infos clés.

1 // Les Maraudes Solidaires : Une Action Inédite Pour Faire Face à L’indignité 

Montgenèvre est un village de montagne perché à 1800 mètres d’altitude au-dessus de Briançon, à la frontière franco-italienne. Il est le théâtre d’agissements illégaux, barbares et dangereux. Pourquoi  illégaux, barbares et dangereux ? Parce que les personnes exilées qui parviennent à cette frontière sont systématiquement refoulées, au mépris de toutes les règles internationales, Convention de Genève incluse. Au poste frontière, notamment depuis que les effectifs de la Police Aux Frontières (PAF) ont été renforcés –, les demandes d’asile ne sont ni entendues, ni instruites ; les gestes primaires d’accueil et d’humanité ne sont pas respectés, et les bénévoles – aidants, soignants, accompagnateurs·trices solidaires, subissent des pressions constantes et insupportables de la part des forces de l’ordre.

2 // Les Maraudeur·Se·S Solidaires : Des Elu·E·S Engagées

Elu·e·s écologistes français au Parlement européen et au Sénat français… Les Maraudes Solidaires réunissent des femmes et des hommes engagé·e·s pour la fraternité, la dignité, le respect des droits humains.

3 // Une Mission Claire…

Les Maraudes Solidaires s’inscrivent dans le cadre du travail de partenariat mené depuis plusieurs années avec les associations de défense des droits des personnes exilée·e·s. La mission principale des Maraudeur·se·s Solidaires est très claire : témoigner de ce qu’ils·elles constatent sur le terrain, du comportement des autorités vis-à-vis des bénévoles aux procédures appliquées lorsque des exilé·e·s se présentent. Présence constante sur le terrain, demandes d’accès et, le cas échéant, visites des lieux de privation de liberté dans les locaux  du poste frontière, etc. Les Maraudes Solidaires mettent l’accent sur la solidarité particulièrement malmenée aux frontières intérieures de l’Europe. Les élu.e.s qui chaque semaine se succèdent, sont solidaires du monde associatif, des bénévoles, des exilé.e.s qui arrivent, des ONG, de toutes celles, tous ceux qui font en sorte que la solidarité perdure, malgré tout.

4 // … Et Des Ressentis Forts

Sur place, la situation est dramatique. Chaque semaine, de retour de leur Maraude Solidaire, les élu·e·s partagent les faits vécus. Extraits : 

Benoît Biteau, Député Européen Verts/ALE, à Montgenèvre le long de la frontière Franco-Italienne.

Benoît Biteau, en maraude le 29 janvier 2021

« Nous devons, nous, les représentants de la République, de l’Union européenne, dénoncer le non-respect des lois qui régissent le statut des personnes qui demandent l’asile. C’est déterminant. Ne pas rester hors sol, ne pas se contenter de discours officiels. »

Caroline Roose, Députée Européenne Verts/ALE en Action de Maraude menée par Médecins du Monde et l’association Tous Migrants.

Caroline Roose, en maraude le 6 février 2021

« Je pense aux personnes cherchant une échappatoire à la vie impossible dans leurs pays. Il leur faut traverser tant de frontières pour arriver dans ces couloirs pentus où la neige n’est pas damée, avec le plus souvent aux pieds, de simples baskets… 

Combien ont dû repartir sans pouvoir avoir le choix de demander l’asile ? Comment peut-on imaginer des familles entières, femmes enceintes, personnes âgées, des personnes vulnérables faire cette traversée ? »

Le long de la frontière Franco-Italienne.

Damien Carême, à l’origine des Maraudes Solidaires au sein de la délégation EELV au Parlement européen, en maraude les 12 et 13 février :

« Traiter des êtres humains comme des bêtes est intolérable. Inventer tout et n’importe quoi, n’importe quel prétexte, pour repousser des gens, quelle que soit leur situation, est intolérable. Ce qui se passe à la frontière franco-italienne est odieux. La manière dont la France se comporte avec les personnes exilées est odieuse, tout comme l’est la manière dont l’Europe agit. Mais… Les combats perdus d’avance sont ceux que l’on ne mène pas. Il faut bousculer l’opinion publique, il faut faire savoir, il faut raconter. Il faut expliquer, il faut, face aux actions barbares des militants identitaires, aux bêtises débitées par nos responsables politiques au sujet des migrations et des soi-disant « flux migratoires » opposer l’accueil, la solidarité et l’humanité. Il n’y a pas de problème migratoire. Il y a un drame de l’accueil. »

5 // Le Bilan, Après 5 Semaines De Maraudes Solidaires

La montagne, la France, c’est aussi la solidarité, c’est aussi la fraternité

Face à la surmédiatisation des actions de haine de quelques identitaires, les Maraudes Solidaires permettent de mettre en lumière l’action constante, fraternelle, humaniste, menée à la frontière depuis des semaines, des mois, des années, par les bénévoles qui soignent, accueillent et entourent, avec toute la chaleur qu’il leur est encore possible de rassembler. 

Pour les élu·e·s solidaires, être à Montgenèvre chaque semaine de cet hiver 2021, c’est apporter un soutien fort aux bénévoles soignant·e·s, militant·e·s associatifs, accompagnant·e·s…

C’est permettre d’éviter que les forces de l’ordre les harcèlent à coups d’amendes et d’arguments fallacieux par temps de couvre-feu, dans un contexte de pandémie mondiale : depuis quelques jours, les amendes arbitraires ont cessé d’être distribuées par les forces de l’ordre, c’est une première victoire !

… c’est également interpeler l’Union Européenne et la France sur les agissements en cours.

La présence des élu·e·s à Montgenèvre, dans le cadre des Maraudes Solidaires, met en exergue le non-respect flagrant des droits fondamentaux, le non-respect de l’accès à ces droits, le non-respect de l’accès aux soins des personnes exilées. Le bafouement des règles internationales.

Tilly Metz, Députée Européenne Verts/ALE, à Montgenèvre le long de la frontière Franco-Italienne.

Cet état d’urgence absolue justifie de poursuivre l’opération à Montgenèvre, une opération pour la dignité, pour la fraternité.

Pour le respect des droits humains.


Chaque semaine, retrouvez ici le témoignage des élu.e.s solidaires sur leur expérience sur le terrain et leurs sentiments, après leur tour de maraude solidaire