SOCIAL ET EMPLOI
Pour une Union européenne plus respectueuse

L’ampleur des dommages sociaux résultant de l’épidémie de COVID-19 est sans précédent. Nous avons besoin de systèmes de sécurité sociale universels dans l’Union européenne au titre des droits humains et pour servir de stabilisateurs en cas de crises futures : cela signifie protéger tout le monde et s’assurer que chacun·e mange à sa faim et mène une vie décete, c’est dans l’intérêt de toute notre société. Pour progresser et garantir l’inclusion et la non-discrimination après la crise, nous avons besoin d’une véritable union sociale.

CRÉER DES EMPLOIS DURABLES ET DE QUALITÉ

Les conséquences sociales de la crise vont perdurer bien après la fin de la crise sanitaire. L’Union européenne doit encourager les programmes de soutien social universel décents, les prestations chômage et autres allocations sociales pour toutes et tous, y compris pour les travailleuses et travailleurs les moins bien rémunéré·e·s, les travailleuses et travailleurs indépendant·e·s et les jeunes en début de carrière. La création d’emplois durables et de qualité doit être au cœur de la relance. Des mesures législatives devraient être présentées pour interdire les contrats “zéro heure”, mettre fin à la pratique de stages post-universitaires non rémunérés ou garantir un réel statut aux travailleuses et travailleurs atypiques, comme celles et ceux employé·e·s par l’intermédiaire de plates-formes.

Nous devons veiller à ce que tous les citoyen·ne·s de l’UE bénéficient d’un revenu minimum contre la pauvreté (en intégrant la dimension de genre) et nous avons besoin d’un plan d’action concret pour mettre fin à la pauvreté au travail, y compris des salaires de subsistance dans toute l’UE, car trop de travailleuses et travailleurs ne gagnent pas de revenus suffisants pour maintenir une vie décente et saine pour eux/elles-mêmes et leurs familles. L’Union européenne devrait créer des emplois de qualité, qui donnent la possibilité d’acquérir les compétences dont nous avons toutes et tous besoin pour assurer une transition juste, sociale, égalitaire et inclusive. Les États membres sont également invités à envisager sérieusement la possibilité de mettre en place des systèmes de revenu universel de base qui constitueront un amortisseur social pour les crises futures.

Le plan de relance post-crise devra faire cesser les inégalités subies par les femmes : elles restent plus pauvres, en raison de la baisse des salaires, de la réduction des pensions et d’autres formes de revenus. Comme l’a montré la crise, la plupart des emplois essentiels et des soins informels qui maintiennent notre économie à flot pendant le confinement sont effectués par des femmes, mais elles sont toujours moins bien rémunérées que les hommes pour les mêmes emplois et leur contribution reste largement sous-évaluée. La Commission européenne ne peut reporter aucune action sur cette question, un travail de valeur égale mérite un salaire égal.

METTRE LA JUSTICE SOCIALE, SANITAIRE, ENVIRONNEMENTALE ET LE BIEN-ÊTRE AU COEUR DE NOTRE SOCIÉTÉ

La crise du COVID-19 a clairement démontré une chose : nous avons besoin de beaucoup plus d’investissements publics dans des services clés essentiels à notre société et qui garantissent l’application des droits humains en matière de santé, d’éducation, de culture, de logement et de justice environnementale pour n’en nommer que quelques-uns, quel que soit le statut de résidence ou d’immigration. Les demandeuses et demandeurs d’asile sont parmi les personnes les plus durement touchées par cette crise sans précédent. L’Union européenne devrait mettre en place un nouveau mécanisme de solidarité pour que tous les États membres accueillent dignement et équitablement ces personnes, qui vivent déjà dans une situation vulnérable.

Nous avons besoin d’un nouveau « Pacte de soins pour l’Europe », pour remettre la notion “prendre soin” au centre de notre réponse sociale à la crise. Les services de soins, sociaux et éducatifs devraient être mis à disposition de toutes les personnes vivant en Europe. À cette fin, le vaste plan d’investissement public doit reconnaître les soins informels et permettre la montée en compétence dans le domaine (par exemple par le biais de crédits de soins), établir un cadre européen pour le logement, car il existe un énorme sous-investissement dans le logement (qui contribuerait également à lutter contre le problème des personnes sans-abri et à créer des emplois), engager une révision de nos règles d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, des investissements substantiels dans la promotion de la santé mentale dans les services sociaux et de santé, ainsi que des mesures visant à assurer l’égalité de genre et une société adaptée aux besoins des enfants et protégeant les personnes vulnérables, comme les personnes handicapées, les demandeuses et demandeurs d’asile, les migrant·e·s sans papiers, les réfugié·e·s, les prisonnières et prisonniers et les minorités.

L’Union européenne devrait investir dans son avenir et dans notre jeunesse : la crise du COVID-19 va rendre encore plus difficile l’entrée sur le marché du travail des jeunes professionnel·le·s en raison du déclin de l’emploi. C’est la raison pour laquelle l’UE doit favoriser le financement et fournir une garantie contraignante pour la jeunesse dans toute l’UE afin d’éviter le chômage des jeunes sur le long terme. Les systèmes éducatifs européens doivent être améliorés et l’UE doit présenter une garantie européenne pour les enfants afin qu’en 2030, aucun enfant ou jeune dans l’UE ne soit exposé·e au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. L’éducation au changement climatique devrait être au centre d’une transformation de paradigme à laquelle toute la société participe, en mettant l’accent sur les enfants et les jeunes, qui seront le moteur du changement des générations futures.

COMBATTRE LA VIOLENCE SEXISTEE

L’une des conséquences dramatiques de l’épidémie du COVID-19 est l’augmentation du nombre de cas de violence sexiste et intra-familiale signalés en Europe. Avec des millions d’européen·ne·s confiné·e·s, les mécanismes actuels de soutien aux femmes et aux enfants, victimes de violence domestique, sont entravés. Nous avons besoin d’augmenter le financement pour soutenir ces victimes et pour que l’UE ratifie la Convention d’Istanbul et que la Commission présente de toute urgence une proposition législative pour lutter contre les violences sexistes.